28-29 mars 2019 Saint-Étienne (France)

Jean Besson

Depuis 1991 et en hommage à Jean BESSON, un prix portant son nom récompense l'exposé d'un jeune doctorant n'ayant pas encore soutenu sa thèse.

En plus de la qualité et de l'originalité de la démarche scientifique portant sur la cinétique hétérogène, l'enthousiasme du doctorant et sa capacité à communiquer les résultats de son travail de manière pédagogique seront les critères retenus pour décerner le prix.

Le prix Jean BESSON sera remis par le président du jury au terme de la 1èrejournée, au cours du diner.

Les doctorants souhaitant concourir pour ce prix doivent l'indiquer lors de la soumission de leur résumé.


Une petite biographie de Jean BESSON (merci à Michel Soustelle pour la rédaction de ce texte)

Jean BESSON est né en 1919 à Saint-Étienne, il avait l’habitude de dire qu’il était né, à un an près, avec la cinétique hétérogène qu’il considérait comme né en 1920 avec la première publication de Tamman cette année-là sur l’oxydation de métaux par l’air à haute température. 

Il effectue ses études secondaires au Lycée Claude Fauriel à Saint-Étienne jusqu’aux classes préparatoires incluses.

Au moment du choix, il hésite, attiré par l’ordre, entre deux carrières en accord avec ce goût : entrer dans les ordres, de préférence réguliers ou l’armée. Il repousse le premier choix trop exigeant à ses goûts. Quant au deuxième, la rigueur exigée des élèves de Polytechnique et Saint Cyr le dissuade. Ce sera donc l’enseignement. Il entre à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Bien qu’excellent en mathématiques, il choisit la chimie par crainte de rester sec un jour sur un problème de mathématiques !

Il passe donc l’agrégation de physique-chimie et se voit proposer par le professeur Hackspill un poste d’assistant en chimie minérale à la Sorbonne et la possibilité de préparer une thèse de doctorat, d’état évidemment, portant sur des complexes du nickel. Cela lui vaudra de rédiger le tome sur le nickel du « Pascal » de chimie minérale. Cette thèse est préparée pendant la guerre et il avoue avoir été obligé de vendre à quelques bistrots du quartier latin, l’alcool du laboratoire pour obtenir quelques subsides pour acheter les produits nécessaires à ses recherches. Quant au matériel, un bon chimiste devait être à même de fabriquer lui-même son matériel en verre, métal voire graphite.

Il est ensuite nommé maître de conférence (nom donné à l’époque aux professeurs de deuxième catégorie) à l’Université de Sarre, rattachée à la France jusqu’en 1956, date du référendum d’autodétermination. Là-bas, il fait les cours de chimie minérale et d’électrochimie en Allemand. D’ailleurs, à son retour en France, lors de son premier cours en Français depuis dix ans, il s’excusera auprès de ses étudiants si quelques mots allemands lui viennent parfois avant le mot français, en fait cela s’est très peu produit.

En 1959 il est nommé professeur titulaire de la chaire d’électrochimie à l’ENSEEG et à l’Université de Grenoble. En 1960 il prend la direction de l’ENSEEG qu’il gardera jusqu’en 1969, n’ayant pas supporté les désordres de 68 (cf. son amour de l’ordre).

Parallèlement, sa carrière scientifique se poursuit, en 1955 il publie en compagnie de son maître le professeur Hackspill et de son collègue de thèse, le professeur Hérold, le traité de chimie minérale en deux volumes, réédité après révision en 1965. Ce traité fait autorité et est l’ouvrage de référence en la matière pour les étudiants de licence et d’agrégation de l’époque.

En recherche, après des travaux en chimie minérale et avoir tâté aux réactions hétérogène à l’occasion d’une thèse dirigée en Sarre, il décide en arrivant à Grenoble de se lancer dans deux directions : la cinétique chimique hétérogène et la cinétique électrochimique aux électrodes, c’est à dire aussi hétérogène. Dans ces domaines il peut marier la chimie minérale et les mathématiques, les deux matières qu’il a toujours aimées. Son laboratoire, l’un des tous premiers associés au CNRS dès 1963 prend une place de choix sur ces thèmes. Il construira les ponts entre ces deux domaines ce qui aura pour conséquence la publication de son ouvrage de Thermodynamique et cinétique électrochimique en 1980. Dans cet ouvrage il uniformise les deux cinétiques qui sont finalement très voisines bien que présentées jusque la très différemment par deux communautés distinctes.

En cinétique hétérogène il dirige l’équipe qui fait entrer les pressions partielles des gaz dans les mécanismes réactionnels et qui uniformise les différentes lois cinétiques pour un même mécanisme. Pour cela il dirige des thèses portant sur la réaction des métaux divers et variés (alcalins, alcalino-terreux, de transition, etc.) sur différents gaz : hydrogène, oxygène, gaz chlorés, azotés.

Responsable du DEA de Grenoble, il permet à l’École des mines d’assurer à Saint-Étienne les cours correspondants. Ce DEA restera le seul enseigné à Saint-Étienne de 1967 jusqu’en 1975. Il permet à l’École des mines de préparer et de délivrer le doctorat en collaboration avec l’INPG. Ce seront aussi les seuls doctorats soutenus et décernés sur l’agglomération stéphanoise pendant de nombreuses années.

En 1969 il propose à l’équipe stéphanoise une réunion de travail annuelle sur la cinétique hétérogène, les journées sont nées. Elles seront étendues à l’équipe de Dijon en 1972 et à Limoges en 1973 puis à l’ensemble des laboratoires intéressés.

Il a assisté à toutes les JECH jusqu’en 1989, les vingtièmes, se déroulant à Saint-Étienne deux semaines avant sa disparition brutale d’une défaillance cardiaque.

Jean BESSON était avant tout un pédagogue. Sa passion de l’enseignement transparaissait à travers ses cours d’une clarté et d’une limpidité remarquable quoique toujours à la pointe et ne fuyant pas la difficulté. Il lui arrivait d’avouer à ses élèves les difficultés qu’il rencontrait sur telle ou telle question. Tous ceux qui ont assisté à ses cours ou à ses exposés se sont régalés de l’écouter. Souvent ses cours étaient illustrés par des expériences réalisées en amphi et souvent spectaculaires.

Il avait la réputation d’être un examinateur impitoyable en fait ce n’était pas l’examinateur qui était dur mais le scientifique qui pestait de ne pas comprendre ce que lui exposait un candidat ou s’élevait contre l’incohérence de tels ou tels propos. Il était prêt à tout admettre à condition que ce que l’on lui exposait soit cohérent et clair. 

De nature modeste, voire timide, il s’est toujours tenu éloigné des instances nationales et des cabinets parisiens. Son job c’était l’enseignement et il aimait qu’il soit bien fait.

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